lundi 14 janvier 2013

En roue libre

Toujours pas de possibilité de vous monter des images... alors je continue en histoires !

Ce sont des petites histoires de roues...

La première remonte à quelques semaines maintenant. Nous étions tranquillement sur la route entre le chantier et l'évêché, trajet que j'emploie quotidiennement pour m'assurer du bon avancement des travaux et passer quelques temps avec les ouvriers. Nous étions dans la camionnette Ford avec Olivier, un catholique qui était de passage à Mahajanga pour aider le Père Bruno pour des histoires administratives. Nous roulions doucement quand tout d'un coup, la camionnette n'a plus voulue avancer. Nous sentions que quelques chose bloquait la roue avant droite. Nous avons doucement fait glisser le véhicule sur le bord de la route pour éviter d'encombrer la circulation et nous sommes descendus pour observer ce qui se passait : la roue était sortie de con axe et n'était plus parallèle aux trois autres. 
Deux ouvriers du chantier (ils sont tous plus ou moins mécaniciens) sont alors venus pour démonter la roue et trouver la pièce qui posait problème. Quand la nuit fut tombée et que la circulation fut moins dense, ils ont utilisés le camion benne bleu avec un bras "télescopique" pour remorquer la camionnette jusqu'à l'évêché ! Drôle de convoi ! 

Mais je n'étais pas au bout de mes surprises !

Le deuxième épisode date de notre séjour à Diego. C'était le soir et nous rentrions en taxi au Foyer Brottier où habitent les Pères Spiritains. Comme d'habitude ! Le taxi était une 4L jaune qui se démarre avec deux fils en dessous du volant, comme tous les autres taxis de la ville. Il est inutile de préciser que chaque irrégularités de la route est vécue de manière très concrète, la mousse sur les sièges ayant quasiment disparue et les suspensions étant assimilables à des ressorts ! Alors que nous ne nous étions aperçus de rien, le chauffeur se range sur le côté en nous disant "Nous allons nous arrêter un instant". Nous avions bien entendu un bruit suspect, mais à force d'en entendre, mon attention commençait à en faire abstraction. Nous sommes tous sortis de la voiture pour voir ce dont il s'agissait. Le pneu avant droit (décidément, toujours le même !) était complètement à plat. Il n'était pas dégonflé ou mou mais complètement à plat, la jante touchant le sol. Sans attendre plus longtemps, le chauffeur sort son crique, sa roue de secours et change tout ça en 2 minutes chrono ! (comme s'il avait l'habitude dis-donc !). Gros fou rire dans la voiture ensuite sur les petites cahuttes vendant des "pneus d'occasion" (sic !). On peu facilement imaginer que les pneus usagés des voitures européennes arrivent ici et trouvent, avec les taxis, l'occasion de commencer une seconde vie !

Et les péripéties continuent...

Cette fois-ci nous étions dans le taxi-brousse pour rentrer à Mahajanga. Nous étions partis de Nosy Kumba samedi à 6h avec une petite navette fluviale en direction de Nosy Be pour explorer l'éventualité que nous puissions embarquer sur un bateau de marchandise qui aurait fait le trajet jusqu'à Mahajanga. Petite expérience qui nous avait fait rêver avec Pierre pendant quelques jours mais qui ne trouva pas sa réalisation ce jour là (nous le gardons néanmoins dans un coin de notre tête pour plus tard !). Donc de retour sur la terre ferme à Ankifi, nous embarquons dans un premier taxi-brousse jusqu'à Ambanja où nous changeons pour prendre un direct pour Mahajanga. Il était alors aux alentours de midi et notre arrivée finale était prévue pour 1h du matin. Mais..., et cela se confirme tous les jours, il ne faut jamais avoir trop de certitudes sur la manière dont on s'imagine que les évènements vont se dérouler !
Vers 21h, nous étions à 30 km de Port Bergé. Il faisait déja nuit depuis 2h30 puisque le soleil se couche à 18h30 à tous les jours. Tout le monde commençait à somnoler en cherchant une position "confortable" ("dormir" et "taxi-brousse" étant deux mots difficilement associables !). Toujours avec Pierre, nous étions installés sur la banquette juste derrière le chauffeur. Comme d'habitude, nous étions 4 sur une banquette de 3 (impossible de tous s'adosser en même temps !) et nous avions en face de nous deux adolescents, assis dos au chauffeur sur un minuscule banquette miniature. Autrement dit, outre le fait que le dossier était inaccessible, nous étions obligé de mettre nos jambes en quinconce avec nos voisins d'en face ! Bonne nuit en perspective ! 
Tout d'un coup, on entend un bruit bizzare à l'arrière, puis du métal qui grince contre le goudron. Le chauffeur freine tout ce qu'il peut et le taxi-brousse commence à zigzaguer de droite à gauche en essayant de s'arrêter. Je me retourne et voit des flammes qui viennent lécher la vitre arrière. Tout le monde (nous étions plus de 25 dans le taxi-brousse, dans un volume minuscule !) commence à crier. Dès que le véhicule s'arrête, Pierre sort par la fenêtre et j'essaye de me faufiler au milieu de tout le monde par la seule porte qui existe ! Nous avons tous couru pour nous éloigner, de peur que ça explose. Dès que j'ai retrouvé Pierre, nous avons explosé de rire tellement la situation nous semblait inimaginable ! Comme s'il s'agissait de quelque chose de prévisible, le  chauffeur a tout de suite sorti sa réserve de bouteilles d'eau pour éteindre le feu. La roue et son axe s'étaient détachés du taxi-brousse et c'est l'essieu, au contact du goudron et à cause de la vitesse, qui avait pris feu. Il faisait donc complètement nuit, nous étions en pleine brousse sans aucune lumière... et il commençait à pleuvoir ! Inutile de prévenir le Père Bertrand, nos téléphones ne recevant aucun réseau. Nous nous sommes abrités sous le toit d'une petite maison en terre qui se trouvait là (les propriétaires furent donc réveillés par 25 invités surprise !) pendant que le chauffeur avait grimpé dans un autre taxi-brousse de passage pour aller chercher la pièce qui avait pris feu à Port-Bergé. Après avoir épuisé tout notre répertoire musical et échangé quelques histoires drôles pour détendre l'atmosphère, nous avons essayé de nous endormir sur les banquettes du taxi-brousse (en nous installant aussi délicatement que possible parce qu'il reposait sur un crique), malgré les moustiques qui nous piquaient allègrement, nos pantalons et spray étant bien rangés dans nos sacs sur le toit !
Nous étions tous les deux très étonnés de la réaction des malgaches par rapport à un tel évènement. Ils sont tous restés silencieux en acceptant la situation et en donnant toute leur confiance au chauffeur dans la gestion de la situation ! En France, on imagine facilement les plaintes et les mécontentements qu'un tel accident pourrait créer !
Nous sommes repartis  vers 4h du matin, le taxi-brousse roulant de nouveau malgré une oscillation inquiétante de la roue en question. Le chauffeur ne dépassait pas néanmoins pas les 50km/h... Après une halte "dîner" (il était temps !) à Port Bergé, nous avons continué la route à ce rythme là jusqu'à Mahajanga où nous sommes arrivés à 16h le dimanche  dans un état de saleté et de fatigue (nerveuse !) indescriptible. Deux zombies sans forces, sinon celle de rire en se remémorant les incroyables dernières 30h qu'ils venaient de vivre !

De retour à Mahajanga, le Père Bruno m'a annoncé qu'il partait en Italie pour 1 mois et demi à partir du jeudi suivant et que je serais donc seule pour gérer les affaires du chantier. L'architecte italien, qui a dessiné le projet, était là cette semaine. J'ai donc reçu un brief complet des actions à mener et me voilà maintenant moi-même en "roue libre" jusqu'à fin février !

1 commentaire:

  1. C'est génial !

    "Nous avions bien entendu un bruit suspect, mais à force d'en entendre, mon attention commençait à en faire abstraction."

    j'ai beaucoup aimé ce passage ^^

    Dis donc Madagascar, c'est l'aventure tous les jours !

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