mardi 9 avril 2013

Ô Joie !


Ces images et impressions ont été cueillies au fil des 100 km parcours à pieds pendant la Semaine Sainte, à la rencontre des communautés chrétiennes des villages de Ambalakirajy, Bebana, Amputamasina, et Andohadjango (Région de Mandritsara). L'équipe itinérante était formée de Clermont (élève de terminal au petit séminaire de Mandritsara), Cristoline et Staelle (accompagnatrices féminines), Père Guillaume (Père MEP), et de Beaudoin, Paul, Sixtine et moi (volontaires MEP). C'était donc un groupe mixte composé de vazzaha et de malgaches au sein duquel nous avons pu confronter nos habitudes et nos connaissances, pour le plus grand étonnement de chacun ! Entre chaque village, plusieurs habitants nous guidaient pour nous indiquer le chemin et partager notre route.












Joie de tous ces enfants qui accourraient vers nous avec une spontanéité déconcertante ! Au programme : jeux, danses, chants, éclats de rire...Tout était naturel, rien n'avait été anticipé, et pourtant que de richesses dans ces moment partagés. Pour une fois, les barrières semblaient être tombées et les rapports étaient vrais et simples : musique et danses nous ont permis d'échanger bien plus que de longues conversations. La relation que l'on a pu établir avec eux était, pour une fois, libre de tous codes et de toute arrière pensée, loin des manipulations politiques et économiques qui font tant de mal au pays.
Quelle surprise de voir les plus jeunes enfants qui, apeurés, hurlent en nous voyant débarquer, nous, blancs, inconnus, venant d'une autre planète. On se sentait un peu comme E.T. débarquant sur la Terre et effrayant tout les hommes sur son passage !
Et quel émerveillement d'observer une petite fille découvrant avec étonnement toutes les images des cartes "atouts" du tarot que j'avais remportées, ou une autre feuilleter les pages du livre de messe de Sixtine à la recherche des illustrations, ou encore une autre s'arrêtant sur l'image d'un couple de vazzaha et regardant l'intérieur de sa main pour s'apercevoir que, oui, elle aussi elle avait un peu de peau blanche...









Joie d'aller à leur rencontre en marchant. Ici, pas d'autres moyens de se déplacer de villages en villages. Les pluies rendent beaucoup de chemins impraticables aux 4x4 et aux motos. Et tant mieux pour nous parce que la marche nous connecte directement avec leur mode de vie. Combien de familles rencontrées dans ces chemins sinueux et escarpés, chargées de leur sac de riz et de leurs poulets, pour aller vendre leur récolte dans le village d'après. Ils marchent au pas de course, souvent pieds nus, habitués depuis leur enfance à parcourir de longues distances. A nous de prendre le rythme pour essayer de les suivre !
La marche nous rend sensible à notre environnement. Elle nous oblige à l'accepter et nous force à en chercher les logiques. Là où nous, vazzaha, nous arrêtons devant chaque obstacle (étendue de boue, petite rivière, escarpement) pour évaluer la situation et choisir la meilleure voix, eux, malgaches, savent tout de suite le chemin à emprunter !







Joie de se sentir en connexion avec la nature. Une nature qu'ils connaissent très bien et qui ne semble plus avoir beaucoup de secrets à leur cacher. Une nature dans laquelle ils ont appris à vivre et avec laquelle ils semblent vraiment en communion. Une nature encore très sauvage où l'on se sent très petit. A l'heure où le monde occidental commence à prendre conscience du développement durable et de notre responsabilité individuelle dans l'avenir de notre planète, les malgaches savent très bien nous montrer comment utiliser ce qu'ils ont à porter de leurs mains pour satisfaire leurs besoins vitaux : se nourrir, s'abriter. Il leur manque, néanmoins, une vision à plus long terme qui leur permettrait d'arrêter certains drames comme les feux de brousse ou la déforestation sauvage.







Joie de partager leur quotidien. Chez eux, c'est le village. La maison ce n'est qu'une seule pièce, là où l'on dort. Là où l'on vit, là où on se rencontre, là où on discute, là où l'on joue, c'est dans la rue. Ensemble. C'est bien différent du "chacun chez soi dans son appartement" auquel nous sommes habitués à Paris. Ici, on se lave dans la rivière, on cuisine par terre, tous ensemble.
Et l'ambiance est géniale ! A la douche, ça donne ça : "Tena fostsy isy ireo !"("Elles sont vraiment blanches !")... Non, non, ce n'est pas du maquillage ! Et à la cuisine : "Mahay be manao la kosina isy !"("Elle sait bien faire la cuisine !") Oui, oui, ça m'est déja arrivé de couper des légumes ! 
Ils ne semblent jamais faire quelque chose tout seul. Par contre, hommes et femmes ne se mélangent pas, chacun sait quelle est sa tâche. Ils ont réussi à faire de leurs villages un "chez nous" en nous laissant habiter leurs maisons et leurs lits, en nous accueillant chaleureusement. Belle leçon à nous qui ouvrons si difficilement notre porte aux inconnus !





Joie de ces communautés chrétiennes qui vivent loin de tous et de tout et qui tiennent dans la prière ! Les moyens ne sont clairement pas ceux auxquels nous sommes habitués, encore une fois. Pas d'ornements dans l'église, pas de cloche mais un morceau de tôle rouillé sur lequel on frappe, pas de chemin de croix sculpté mais des croix en bois taillé à la machette et planté en 10 min autour de l'église ! L'important étant le cœur avec lequel ils vivent leur foi. Et elle est bien présente. Comme en témoigne leur participation à la construction des églises - ce sont eux qui les financent en partie - et l'accueil et la simplicité avec laquelle ils étaient disponibles pour nous, étrangers...

3 commentaires:

  1. deja en étant ici à Bucarest j'ai l'impression d'ouvrir les yeux, de voir plus loin que le bout e mon nez comme on a l'habitude en France, à l'insa.

    Je rencontre d'autres gens, de nombreuses nationalité, qui viennent de pays aux situations économiques différentes et souvent pire qu'en France. C'est riche vers l'extérieur et vers l'intérieur de nous !

    mais là j'ai l'impression et c'est une realité d'être à des kilomètres de l'ouverture que tu as sur les autres. quel beau moment de Pâques tu as passé !! Pâques et le moment du changement en nous mais toi tu vis une Pâques sur deux ans !! c'est long mais c'est beau !

    tu devrais recevoir une lettre d'ici quelques jours ! =) embrasse Bernard pour moi !

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  2. Tes photos sont magnifiques !
    Quel voyage !
    Nous pensons bien fort à toi !
    Bisous

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  3. C'est vraiment superbe tes photos et tes commentaires !
    Merci de prendre le temps de nous faire partager ça!

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