vendredi 21 décembre 2012

Une matinée débousolante dans un petit coin de paradis !



Le week-end dernier, j’ai décidé de quitter Mahajanga pour accompagner le Père Bruno à Marovoay, une petite ville à 90 km dans laquelle il a beaucoup œuvré avant de monter le projet de l’hôpital sur lequel nous travaillons ici. Nous sommes partis à 5h30 pour pouvoir profiter pleinement de la journée. A défaut d’être rapides et efficaces, ils aiment se lever tôt !
Après les 78 km sur la RN4 qui conduit à Tana, nous avons bifurqués sur la droite pour emprunter la route qui mène à Marovoay. « Et là, commencent les 12 derniers kilomètres » m’annonce le Père Bruno en rétrogradant en seconde. Je m’étonnais de ce ralentissement soudain, lui qui d’ordinaire préfère passer rapidement au-dessus des trous plutôt que de slalomer entre eux. Il ne m’a pas fallu longtemps pour comprendre. La route qui se présentait maintenant devant nous fut goudronnée à une époque mais, à défaut d’entretien, elle s’est transformée en une sorte de gruyère à travers lequel il faut se frayer un passage. « Pas la peine d’aller danser en discothèque, il suffit de venir avec moi ici ! » ajoute-t-il alors que la voiture se balançait de droite à gauche dans un mouvement de balancement irrégulier et chaotique ! Et moi d’ajouter « C’est même une entrée gratuite dans les montagnes russes d’un parc d’attraction que vous m’avez offert là ! ». Il faut donc compter plus d’1/2h pour parcourir ces derniers kilomètres. Ambiance !

« Bienvenue à Marovoay ! » A ce moment, la « route goudronnée » (sic !) laissa la place à des chemins en terre qui forment les rues de la ville. L’atmosphère du lieu est tout de suite différente : les piétons y sont beaucoup plus nombreux et les quelques voitures présentes circulent plus lentement.
Nous avons rejoint la mission catholique où nous attendait un petit déjeuner. Quelle surprise ! C’est un lieu magnifique qui a été construit par des prêtres carmes. Même si les fondateurs ne sont plus là, leurs successeurs ont pris la relève et continuent d’entretenir ce lieu. Rien de bien différent de ce que l’on peut trouver ailleurs (des constructions en béton, des toits en tôle, des claustras et des loggias pour la ventilation, des bananiers, des cocotiers et des papayers), mais une attention particulière aux abords, aux plantations, aux petits parterres qui change complètement de l’atmosphère désordonnée, poussiéreuse et sale du reste de la ville. Bref, un petit coin de paradis où il fait bon vivre et où il est agréable de se poser sur les marches de la salle à manger pour papoter !

Stella, une coopérante italienne, m’a proposé de l’accompagner au dispensaire, un nouveau bâtiment qui comprend également une maternité, construit par le Père Bruno à l'entrée de la ville, où elle se rend toute la matinée. Tous les samedi matin, elle y retrouve Misoa, une sage-femme, pour distribuer du lait en poudre pour les femmes ayant des difficultés à allaiter leurs enfants. Les enfants sont ainsi pesés toutes les semaines et des conseils spécifiques leurs sont dispensés.
Généralement, les femmes attendent trop longtemps avant de venir avec leur enfant. Certains ont perdu leur mère et ce sont les grand-mères ou les tantes qui viennent avec les enfants pour pouvoir les nourrir. C’était extrêmement touchant de voir tous ces enfants. Certains me dévisageaient fixement avec de grands yeux.  Si les mamans viennent régulièrement et qu’elles suivent les conseils qui leur sont donnés, leur enfant a une chance de regagner la zone verte de la courbe de croissance. Mais certaines d’entre elles ne viennent qu’épisodiquement car elles travaillent à la culture du riz, ou parce qu’elles habitent loin, ou pour d’autres raison que je n’ai pas comprises et certains enfants étaient très mal en point.
C’est une chose de le savoir ou de l’entendre, s’en est une autre de le voir.
Misoa et Stella s’entendaient très bien et c’était beau de voir leur complicité au service des femmes et des enfants qui les connaissaient et avec qui elles ont réussi à établir une belle relation de confiance réciproque.
Elles m’ont proposé de les accompagner les prochains week-ends, ce que je ferais avec joie !

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