Le week-end
dernier, j’ai décidé de quitter Mahajanga pour accompagner le Père Bruno à
Marovoay, une petite ville à 90 km dans laquelle il a beaucoup œuvré avant de
monter le projet de l’hôpital sur lequel nous travaillons ici. Nous sommes
partis à 5h30 pour pouvoir profiter pleinement de la journée. A défaut d’être
rapides et efficaces, ils aiment se lever tôt !
Après les 78 km sur la RN4 qui
conduit à Tana, nous avons bifurqués sur la droite pour emprunter la route qui
mène à Marovoay. « Et là, commencent les 12 derniers kilomètres »
m’annonce le Père Bruno en rétrogradant en seconde. Je m’étonnais de ce ralentissement
soudain, lui qui d’ordinaire préfère passer rapidement au-dessus des trous
plutôt que de slalomer entre eux. Il ne m’a pas fallu longtemps pour
comprendre. La route qui se présentait maintenant devant nous fut goudronnée à
une époque mais, à défaut d’entretien, elle s’est transformée en une sorte de
gruyère à travers lequel il faut se frayer un passage. « Pas la peine
d’aller danser en discothèque, il suffit de venir avec moi ici ! »
ajoute-t-il alors que la voiture se balançait de droite à gauche dans un mouvement
de balancement irrégulier et chaotique ! Et moi d’ajouter « C’est
même une entrée gratuite dans les montagnes russes d’un parc d’attraction que
vous m’avez offert là ! ». Il faut donc compter plus d’1/2h pour
parcourir ces derniers kilomètres. Ambiance !
« Bienvenue
à Marovoay ! » A ce moment, la « route goudronnée »
(sic !) laissa la place à des chemins en terre qui forment les rues de la
ville. L’atmosphère du lieu est tout de suite différente : les piétons y
sont beaucoup plus nombreux et les quelques voitures présentes circulent plus
lentement.
Nous avons rejoint la mission catholique
où nous attendait un petit déjeuner. Quelle surprise ! C’est un lieu
magnifique qui a été construit par des prêtres carmes. Même si les fondateurs
ne sont plus là, leurs successeurs ont pris la relève et continuent d’entretenir
ce lieu. Rien de bien différent de ce que l’on peut trouver ailleurs (des constructions
en béton, des toits en tôle, des claustras et des loggias pour la ventilation,
des bananiers, des cocotiers et des papayers), mais une attention particulière
aux abords, aux plantations, aux petits parterres qui change complètement de l’atmosphère
désordonnée, poussiéreuse et sale du reste de la ville. Bref, un petit coin de
paradis où il fait bon vivre et où il est agréable de se poser sur les
marches de la salle à manger pour papoter !
Stella, une
coopérante italienne, m’a proposé de l’accompagner au dispensaire, un nouveau bâtiment qui comprend également une maternité, construit par le Père Bruno à l'entrée de la ville, où elle se rend toute la
matinée. Tous les samedi matin, elle y retrouve Misoa, une sage-femme, pour
distribuer du lait en poudre pour les femmes ayant des difficultés à allaiter
leurs enfants. Les enfants sont ainsi pesés toutes les semaines et des conseils
spécifiques leurs sont dispensés.
Généralement, les femmes
attendent trop longtemps avant de venir avec leur enfant. Certains ont perdu
leur mère et ce sont les grand-mères ou les tantes qui viennent avec les enfants
pour pouvoir les nourrir. C’était extrêmement touchant de voir tous ces
enfants. Certains me dévisageaient fixement avec de grands yeux. Si les mamans viennent régulièrement et qu’elles
suivent les conseils qui leur sont donnés, leur enfant a une chance de regagner
la zone verte de la courbe de croissance. Mais certaines d’entre elles ne
viennent qu’épisodiquement car elles travaillent à la culture du riz, ou parce
qu’elles habitent loin, ou pour d’autres raison que je n’ai pas comprises et
certains enfants étaient très mal en point.
C’est une chose de le savoir ou
de l’entendre, s’en est une autre de le voir.
Misoa et Stella s’entendaient
très bien et c’était beau de voir leur complicité au service des femmes et des
enfants qui les connaissaient et avec qui elles ont réussi à établir une belle
relation de confiance réciproque.
Elles m’ont proposé de les accompagner
les prochains week-ends, ce que je ferais avec joie !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire