samedi 8 décembre 2012

Au réveil...



C'était ce matin. Après une nuit quelques peu agitée par les aboiements de chiens et par le bruit assourdissant de la pluie, je me suis levée à 6h30. Ma chambre étant située juste au dessus de la chapelle, les chants de la messe de 6h m'avaient déja extirpé de mon demi-sommeil depuis quelques temps. Le petit déjeuner fut luxueux puisque je me suis décidée à acheter du lait et des céréales. L'envie de suivre leurs habitudes alimentaires a finalement montré ces limites et je m'autorise maintenant quelques plaisirs culinaires (relatifs !) qui me redonnent un peu d'appétit ! 

A 7h30, j'avais rendez-vous avec Frère Lucien, un séminariste en stage chargé des nouveaux séminaristes dans le bâtiment situé juste à côté de l'évêché. Nous sommes allés faire "le bazar" à Mahabibo, entendez par là "le marché" (ces deux mots ont d'ailleurs donné lieu à un quiproquo assez drôle !). Je m'étais déjà promenée dans le marché, mais plutôt du côté de l’artisanat et des légumes. Et ce matin j'ai découvert les étals de viande et de poisson. 

Mes mots sont très faibles pour rendre compte de cette atmosphère, mais je vais quand même essayer...! Il faut d'abord s'imaginer le décor : deux halles avec des structures métalliques ouvertes de tous les côtés. Au sol, une dalle de béton jonchée de sang que les quelques caniveaux n'arrivent pas à évacuer. Une halle pour le poisson, vendu par les femmes. Et une halle pour la viande, vendue par les hommes. Les étalages sont des grandes tables en bois sur lesquelles sont déposés directement les morceaux de viande. Ici, pas d’électricité... ça va de soi. Donc pas de réfrigération (adieu la chaîne du froid, sic !) et pas de ventilation (bonjour les mouches, sic !). Comme plateau de découpe, on trouve des souches de bois posées à même le sol et comme outils de découpe, on a le choix entre la scie ou la machette. Personnellement, je préfère quand ils utilisent la scie parce qu'on peut regarder de plus près sans risquer de se faire éclabousser...par les giclures de sang ! Epique. J'observais cette scène avec attention quand je me suis rendue compte que le vendeur d'à côté me regardais aussi avec curiosité. Je crois bien que j'étais la seule à rester ébahie devant ce spectacle. J'étais la seule blanche dans ce lieu et la seule pour qui ce qui se passait devant mes yeux avait quelque chose d'irréel. Nous avons échangé un sourire … mais je ne crois pas qu’il ait pu imaginer un instant l’étrangeté de cette situation pour moi !

J’allais presque oublier de vous parler de l’odeur qui se dégageait de cet endroit. Enfin, je vous laisse l’imaginer parce que je ne l’ai pas beaucoup respiré : j’étais en apnée pendant tous les achats ! Je vous garantis que le parfum qui s’en dégage de la viande crue, à température ambiante, pendant plusieurs heures, au milieu des mouches et des carcasses jetées dans un coin (ils ne se débarrassent que des os, tout le reste se mange !), est plutôt nauséabond !

Et dire que c’est cette viande que je trouve tous les midis dans mon assiette ! Mais je n’ai pas encore été malade à cause de ça. Il semblerait que si la viande est bien cuite, il n’y a pas de risques (dixit notre cuisinier) ! Je n’ai qu’à le croire… parce que, visiblement, il n’y a pas d’autres solutions !  Adieu grillades saignantes, steak tartare et autres réjouissances…

Au final, le plus drôle, c’était peut-être mon regard. Je marchais tout doucement en observant attentivement tous les détails alors qu’au fond, ici tout le monde trouve tout ça normal… et l’agitation qui y règne montre bien la popularité de l’endroit et l’enthousiasme des malgaches à venir y faire leurs achats. M’y habituerais-je un jour ou garderais-je toujours la vision occidentale d’un monde aseptisé ?

Nous sommes rentrés à l’évêché vers 8h30, la journée pouvais commencer...!

3 commentaires:

  1. Effectivement, au lever, il y a de quoi te retourner l'estomac !

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  2. Sympa ces nouvelles... ça me rappelle les images des marchés de Phnom penh mais ils avaient un peut d’électricité, j'avais eu d'abord un sentiment de saleté, enfin moins d'étonnement que toi je pense.

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